Prise de conscience
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Oser tout laisser derrière…
August 16, 2022
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Mon QMT, la suite ...

(ben oui… encore!)

par Marie-Eve Pelland

Normalement, j’ai l’habitude d’écrire de longs récits de course à la suite d’événements auxquels je prends part, parce que je veux me souvenir de ce qui m’a habitée pendant ma course, des émotions que j’ai vécues et de ce que je veux en tirer comme leçon ou expérience. 

 

Cette fois-ci, j’avais un médium vraiment différent pour exprimer ce que j’ai vécu, et je l’ai fait avec un de mes meilleurs amis. Le lendemain de mon DNF au QMT 100 miles, j’ai enregistré un épisode de podcast racontant ma course, racontant comment je suis arrivée à prendre la difficile décision de cesser ce pourquoi j’avais mis tant de temps, d’efforts et d’énergie. Donc, pour les émotions (je me demande toujours comment je me suis mise dans cet état… c’est pourtant juste de la course :P), je vous suggère d’écouter l’épisode #63 du podcast Tout.Trail.

 

Via cet article, j’ai plutôt envie de vous parler de l'après. L’après QMT (ou ce qui pourrait représenter pour vous l’après DNF). Nous parlons beaucoup des succès et des réussites. Nous-mêmes, au podcast, nous avons la chance de recevoir des gens extraordinaires qui font des choses tout autant extraordinaires, mais généralement, ces gens vivent des succès (normal de parler des succès plutôt que des “défaites” me direz-vous). Il arrive que dans la course, comme dans la vie, tout n’aille pas comme sur des roulettes et qu’on se retrouve dans un mur.

 

Au QMT, j’étais si convaincue que la décision que j’avais prise était la bonne. Mon cerveau rationnel a pris le dessus sur mon cerveau émotif en arrivant à Saint-Tite-des-Caps et me voilà DNF. Le lendemain, comme vous aurez noté lors de l’enregistrement du podcast, mon cerveau rationnel est resté couché. Mon cerveau émotif, en voyant ce coureur passer la ligne d’arrivée après plus de 35h d’efforts, s’est réveillé et m’a fait douter. Il m’a fait douter de ma décision. “Et si j’avais continué?” “Et si j’avais marché encore plus longtemps?” “Et si j’avais essayé d’arrêter plus longtemps?” Des “si j’avais”, j’en ai eu et j’en ai encore 10000000 en tête!

 

Presqu’un mois après, j’ai finalement eu une épiphanie et mes deux cerveaux se sont entendus: mais quelle excellente idée d'avoir abandonné à mi-parcours!

 

Bien concrètement, 4 semaines après le QMT, j’ai encore mal au foutu genou. Ça progresse, je prends du mieux, mais cette douleur est encore présente aujourd’hui. Et tel que mentionné à mainte reprises, ce que j’aime de la course, c’est courir. Les évènements, c’est la cerise sur le sundae, pas la finalité. 

 

Mais là je vous entends vous demander: “Comment tu fais, toi, pour savoir arrêter quand c’est le temps”?

 

Ça, mes amis, c’est un art. Parce qu’on va s’entendre que plus tu cours longtemps, plus il y a de chances que tu aies mal quelque part (voir avoir mal partout). Voyons cela comme le tableau de bord de l’auto. Il y a les voyants jaunes (ceux qui t’avertissent que ta maintenance est due ou que tu devrais peut-être commencer à penser à gonfler tes pneus) et les voyants rouges (ceux qui pressent, ceux que tu ne laissent pas allumés trop longtemps, sinon d’autres lumières rouges s’allument et c’est le début de la fin pour ton auto).

 

Une lumière jaune s’est allumée quand j’ai commencé à sentir mon genou, une vieille histoire qui remonte à Matusalem, mais qui était revenue me hanter les semaines précédant le QMT. Après avoir fait ce qu’il fallait et vécu dans l’optimisme, je me suis dit que ce serait alright (l’histoire m’a appris que non, finalement). La lumière s’est intensifiée quand j’ai dû ralentir le rythme. Elle s’est encore intensifiée quand la course n’était plus une option après environ 55km. AUCUNE chance que je marche 105 km. AUCUNE. 

 

La lumière a définitivement tourné au rouge quand le fun est parti. Parti pour ne plus revenir. Y a des moments où le fun nous quitte en ultra, I get it, mais pas aussi longtemps, et pas pour SI longtemps (jusqu’à la fin). 

 

Donc, ce qui est à retenir:

  • le fun = primordial; 
  • des douleurs connues qui reviennent en force = DRAPEAU ROUGE (ça ne veut pas dire d’arrêter… mais déterminez ce qui est le plus important: courir aujourd’hui ou dans les prochaines semaines/mois, la bonne réponse n'appartient qu’à vous!);
  • des inconforts qui vont et qui viennent, qui sont possibles à éteindre en pensant à autre chose = on reste vigilant, mais c’est probablement votre cerveau qui vous joue des tours;
  • une douleur non connue, qui persiste et empire malgré une diminution de l’intensité de course, marcher les descentes, les montées et les plats (graduellement ou non): je pense que vous êtes en train de vous créer un sérieux bobo, il serait temps de penser à pourquoi vous êtes là, ce que vous êtes venus chercher et avec quelles conséquences vous êtes prêts à vivre! 



L’an prochain, j’y serai, encore. Plus préparée, mentalement et physiquement. Mon genou sera guéri (watch me). 

 

“On s'essuie les mains et on recommence.”

 

Maintenant, je retourne jouer dehors et profiter de ce pourquoi j’ai arrêté après 80km. <3