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C'était le 8 avril 2021...

par Anonyme

Avertissement: Cet article est le témoignage d’un membre du club Tout.Trail nous faisant suffisamment confiance pour nous partager son histoire. Il nous parait important d’aborder le sujet de la santé mentale, ainsi que des effets positifs que la course, ou tout autre sport, peut avoir sur notre bien-être, en plus d’aller chercher une aide professionnelle. C’est en cette semaine de la santé mentale, qui a lieu du 1er au 7 mai 2023, que nous vous partageons cet article et qu’ainsi peut-être, nous ouvrons la discussion ou la réflexion, chez certaines personnes. Bonne lecture.

 

Tout se termine et débute le 8 avril 2021. Il est 4h du matin, il fait froid, il pleut, la mer est agitée et glacée. Je suis assis sur un mur de pierres brise vague à côté du port. Le vide de la mer devant moi reflète exactement ce que je ressens: un vide immense.

Depuis maintenant 2 jours que je n'ai pas dormi, incapable de trouver la paix. Je suis en surpoids, je commence à faire de l’hypertension et un début de diabète de type 2, un cholestérol élevé et je souffre d'une dépression non traitée depuis quelques années. J’ai 40 ans, mais j'ai l'impression que je n'ai pas vécu depuis 20 ans. La routine du travail, la famille, la maison m’ont complètement détruit. Maintenant, ça en est trop.

Pourquoi continuer? Tant d'efforts demandés pour être encore plus malheureux. Je sens dans ma poche de manteau un contenant. Malgré sa petite taille, il me semble peser des tonnes…

C'est le moment, la douleur est trop forte, je sors le contenant.

À partir du moment où j'ai le pot ouvert dans ma main, je n'ai pas d’hésitation: d'un coup, je prends tout, je lance le pot vide et j'attends. Je suis impatient. Je me dis qu’enfin, je vais être libre. Je me sens étourdi. C'est bientôt le moment. Je sens mes yeux se fermer.

BANG!

Un bruit intense survient! Le vent s’est levé, la pluie s'est transformée en orage, la foudre vient de tomber sur la tour à quelques mètres de l'endroit où je me trouve. La lumière est si intense que je la vois, même les yeux fermés.

Je sors de ma torpeur, je sens une énergie monter en moi, puissante, forte, si intense! J'ouvre les bras, je me penche vers l'avant et plutôt que de sauter comme prévu, je pousse un cri, un rugissement, si puissant qu'il a traversé le fleuve pour se rendre jusqu'à Baie Comeau, j'en suis certain!

C’est ici que tout débute! J'ai tellement poussé fort ce cri que j'en ai vomi, sortant ainsi ce qui restait des médicaments ingérés. Cette énergie me réveille, j'ouvre les yeux.

Je retourne sur le chemin, je marche jusqu'à l’hôtel. Je dois passer par la réception et demander une nouvelle clé. Il n’était pas prévu que j’aie besoin de retourner à la chambre. Arrivé à la chambre, je regarde la lettre que j'avais écrite et la détruis, elle n’a plus raison d’être.

Une douche, je m'habille et je vais sur le chantier. Je n'ai jamais travaillé aussi vite. Je veux terminer la job, j'ai hâte d'aller à la maison, et ce, pour la première fois depuis des années! 

Commence ici ma rémission.   

40 ans, je ne suis qu'à mi-parcours, loin de la fin, quelle idée idiote j'ai pu avoir de croire qu'il était temps d'en finir. J'ai beau me le répéter, mais je le crois difficilement, je réalise que je vais devoir changer si je veux continuer, je dois reprendre le contrôle de ma vie.

Depuis toujours, je suis le bon gars, celui qui dit toujours oui, mais qui ne demande jamais rien en retour. Celui qui donne, mais qui reçoit rarement. Lorsque je reçois, je me sens mal, j'ai l'impression d'abuser.  Mais après toutes ces années, la tank est vide, j'ai donné du gaz pour tous, mais sans prendre le temps de remplir mon propre réservoir. 

Avec l'aide de ma coach en PNL, nous avons trouvé ce qui c'était brisé en moi, au long de mon parcours, les événements qui ont fait que j'avais perdu mon identité. Moi-même, je ne savais plus qui j’étais. Ost*e que j’ai braillé pendant nos rencontres! Cet univers de mensonges que j’avais construit au fil des ans, pensant me protéger, s’écroulait enfin pour me libérer.

J’ai dit adieu à l’alcool.

Et j’ai commencé à m’entrainer, moi qui trouvais que c’était une perte de temps de pousser de la fonte quelques temps avant. J’en ai poussé en maudit! J’ai remplacé l’alcool par la musculation: en cinq mois, j’ai perdu 50lbs! La disparition des calories du vin et l’effort dans le gym on porté fruit.

J’étais fier du chemin parcouru, mais il me manquait toujours quelque chose, je sentais la bête rôder autour, discrète, mais présente. Elle n’attendait que le moment où je lui laisserais une chance de revenir.

Septembre 2021, j’ai un down, je commence à perdre l’intérêt envers le gym. Un ami me demande si je veux aller avec sa gang monter une montagne. Je décide d’y aller. Je n’ai jamais fait de rando, mais j’aime la nature. Destination: le parc des Grand Jardins, Mont Pioui et Lac des Cygnes.

J’adore le premier 100m de D+. Je réalise que je n’ai pas de cardio et la montée est pénible. Par 5 fois, je retourne presque sur mes pas… et j’arrive au sommet! Le cœur m’arrête, je n’ai plus mal, je n’ai plus le souffle court, je suis émerveillé. On fini par redescendre, C’est atroce, mes genoux veulent mourir, j’ai vraiment mal, mais j’ai trop aimé pour abandonner la randonnée. 

Suivant les conseils d’une amie, je commence la course pour renforcer mes jambes et améliorer mon cardio. Le 15 septembre, je suis motivé et je pars pour exactement 354m avant de devoir m’assoir 10 minutes afin de reprendre mon souffle et que les points noirs disparaissent, mais ce n’est rien pour me démotiver. Je poursuis l’entrainement et le 24 novembre, je fais mon premier 10k sans marcher et le 26 décembre, je fais mon premier 21k en 2h 20 minutes.

Je n’ai jamais arrêté de courir, depuis. J’ai diminué le volume à l’été 2022, tout simplement parce que j’étais tanné de l’asphalte, jusqu’à ce que je découvre la course en sentier. À ce moment-là, je suis tombé en amour: je combinais mon plaisir de courir avec la nature et la montagne. Ce fut le coup de grâce pour mes anciens démons et ils ont compris qu’ils n’auraient plus leur chance.

En sentier, je n’ai pas que joint mon amour de la course avec celui de la montagne, j’y ai aussi découvert des gens tellement inspirants et que j’apprécie énormément. Je pratique une activité qui est en parfaite harmonie avec mon identité entouré de gens exceptionnels. Chaque mètre de D+, chaque km parcouru est un pas m’éloignant de cette journée, de ce 8 avril 2021.

Et pour la première fois depuis très longtemps, je peux affirmer une chose: je suis heureux!

En décembre dernier, j’ai dû retourner sur le chantier, à Matane, et un après-midi, je suis allé courir. Comme je passais le long du brise vague, en plus dans des condition météo semblables à celle de cette journée, j’en ai profité pour faire la seule chose que je sentais à ce moment. Je l’ai crié avec une volonté assourdissante : « F*ck you! Tu m’auras jamais! »