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January 24, 2023La découverte de la culture marocaine par la course à pied
par Sébastien Corneau
Bien préparé physiquement au défi qui arrivait à grands pas, soit de courir un peu plus de 100 km en sept jours au Maroc, organisé par la compagnie américaine Rogue Expéditions (RE), après une saison assez longue et relativement ambitieuse, le seul réel enjeu concernait un parcours asphalté sur un peu plus de la moitié de la distance. En effet, la plus longue sortie sur route au cours des mois précédents ne dépassait pas 13 km, donc un certain risque de blessure au cours du voyage existait.
Un groupe de 15 coureurs se rejoint donc au début du mois de novembre à Marrakech, ville touristique du Maroc, dont la moitié des membres provient des États-Unis et l’autre moitié du Canada, pour entamer sept jours de courses.
Jour 0 – Rencontre du groupe et annonce de la logistique
Tous les voyageurs, souffrant des effets du décalage horaire, se rencontrent sur le toit du riad pour entendre la dernière prière du jour des mosquées avoisinantes et profiter du premier festin, gracieuseté de la gastronomie marocaine. La fébrilité et l’adrénaline prennent rapidement le dessus sur la fatigue. Des échanges cordiaux, un partage des expériences en course à pied et un respect mutuel entre les coureurs se dégagent dès les premières minutes. Il devient prévisible qu’une éventuelle synergie allait se créer au cours des jours suivants.
Sean, le co-propriétaire et guide du groupe, informe le groupe sur le déroulement de la logistique d’un ton confiant, qui témoigne de son expertise, le tout avec son accent irlandais. Il s’agit de la dixième année de RE au Maroc, donc le circuit et l’organisation dans son ensemble semblent aguerris. Ensuite, chacun des coureurs se présentent et sans grande surprise, l’expérience de chacun en course à pied s’avère hétérogène, quoique la majorité ont au moins un marathon de complété à leur actif.
Le guide informe également que quatre Land Rover, mobiles tout le long des trajets, sont à la disposition des coureurs pour ravitaillement et diminution du trajet, le cas échéant. Chacune des courses se terminera au chapiteau, montés par les trois cuisiniers, pour que les membres du groupe puissent apprécier un peu d’ombre, se reposer en prenant le thé à la menthe, mais surtout, manger les copieux dîners d’après course.
Jour 1 : Ourika Valley – 17,6 km sur route
La première course se situe à une heure de route hors de Marrakech. La fébrilité s’avère au summum et la majorité des participants n’ont pas couru depuis plus de quatre jours. À ce stade- ci, même une course sur un tapis roulant semble une bonne idée, donc fouler le sol marocain atteint son apogée. L’enjeu de commencer à courir tranquillement représente visiblement un défi de taille.
Après la photo de groupe, le départ est lancé. La volonté de demeurer dans le peloton les premiers kilomètres, pour éviter de se brûler rapidement, s’achève environ à la distance de 10 mètres. Tant bien que mal, la réussite de courir derrière le guide et de lui laisser dicter le ton constitue un accomplissement en soi, ce qui favorise l’appréciation de la tranquillité dans une vallée désertique où les sommets rocailleux témoignent d’un dépaysement complet.
Les kilomètres s’enchainent facilement à un rythme modéré à suivre Sean. Celui-ci avait recommandé de débuter tranquillement, car la première partie du trajet montait de 600 D+. Il
m’informe donc au km 10 que la partie montante venait de prendre fin. N’ayant toujours pas aperçu de côte à monter, le déclic s’effectue pour réaliser qu’il s’agit de 600 pieds de dénivelé plutôt que 600 mètres. Lors de ce déclic, un Marocain vêtu d’un manteau d’hiver et d’une tuque semble sévèrement jugé un roux, blanc comme neige, entrain de s’esclaffer seul sur le bord de la route.
Sean s’arrête au km 12 pour s’assurer que les coureurs se portent bien et fait signe de continuer. Juste derrière, Adams et Lynette, deux marathoniens accomplis, résidant au Texas, gambade non loin derrière et leurs yeux écarquillés laissent deviner leur bonheur de courir au Maroc.
Le reste de la distance jusqu’au point d’arrivée se réalise sans trop d’embûche et l’accueil par l’équipe de cuisiniers, sous un chapiteau érigé sur un vaste terrain désertique au milieu de nulle part, témoigne de la chaleureuse hospitalité marocaine. Après une courte hydratation et un constat de bonnes sensations physiques, l’idée de rebrousser chemin pour aller supporter d’autres coureurs pour leur fin de course semble opportun.
Après avoir croisé Adam et Lynette qui foulent le parcours infatigablement, la rencontre d’Alain, chilien d’origine et deuxième guide de RE, se montre pour le moins surprenante, le voyant tout en sueur, sourire aux lèvres, mentionnant qu’ils filaient à toute allure pour arriver premier, et ce, depuis les cinq derniers kilomètres.
Environ un kilomètre plus loin, Amy, albertaine visiblement malchanceuse, en raison de sa ligne aérienne qui n’a pu acheminer ses bagages à Marrakech, vêtue de ses vêtements et espadrilles de course nouvellement achetés au Décathlon la veille. Impressionné de la voir courir toute la distance avec ses nouveaux souliers, terminer la course avec elle en guise de support semble optimale et la voir franchir la ligne d’arrivée tout sourire et fière de son accomplissement représente que du bonheur.
Distance parcourue jour 1 : 21,3 km.
Jour 2 – Telouet – 18,0 km sur route
Après un déjeuner rempli de différentes formes de pains ainsi que des omelettes, les véhicules transportent les coureurs à une vingtaine de minutes de voiture de l’hôtel. Avec une nuit de sommeil récupératrice et de bons étirements de quadriceps la veille, les sensations sont bonnes, notamment grâce à une température quasi-idéale frisant à peine 15 degrés.
Le trajet est principalement en descente avec quelques courtes montées. Les jambes s’avèrent plus légères que la veille, donc la pratique du laisser-aller dans les premières descentes engendrent des premiers kilomètres assez rapides.
Alain, le guide chilien d’environ 5 pieds 11 pouces et 130 livres, a visiblement l’intention de franchir le fil d’arrivée en premier aujourd’hui, et ce, même s’il réalise constamment des allers-retours entre les coureurs pour s’assurer que tous soient en sécurité et sur le bon chemin. Ayant débuté au sommet d’une montagne, la vue des vallées s’ouvre à perte de vue, sous un ciel bleu sans nuage et un soleil encore confortable.
Autour du kilomètre 10, le corps réagit encore de façon convenable et une première côte à monter se montre le bout du nez. Enfin !!! Habitué de réaliser environ 1 500 m D+ de façon hebdomadaire, principalement en raison des entraînements du mardi D+ de Tout.Trail à Stoneham, le corps semble ressentir davantage la nécessité de rechercher les sensations d’inconfort de gravir les
montées. Bien que modeste, cette montée s’avère grandement plaisante, particulièrement lorsqu’accompagné de descentes pour récupérer en se laissant aller.
Adam, ayant fait cavalier seul aujourd’hui, demeure non loin derrière et dégage une impression de force et de concentration. Rendu à environ cinq kilomètres de l’arrivée, Alain la fusée surgit de nulle part avec son grand sourire qui transpire le bonheur et décide d’augmenter la cadence. Ayant réalisé la plupart du trajet, la décision de le suivre représente impulsivement une merveilleuse idée. Visiblement, certaines erreurs semblent se répéter indéfiniment, si bien que les deux derniers kilomètres réalisés en sa compagnie regroupent un mélange de regrets et de lourds inconforts. Mais bon, il devient facile de se mentir à soi-même dans ces conditions et s’affirmer à tort qu’on n’est pas au Maroc pour faire les touristes.
Une fois la distance complétée, un retour sur le trajet à un rythme lent pour récupérer et supporter les autres coureurs permet également d’augmenter la distance parcourue et de profiter des paysages désertiques offerts.
Après avoir croisé Amy, qui se porte toujours bien, malgré son nouvel équipement et un couple de Canmore, Cameron et Virginia, je tombe sur Britton, albertaine originaire de la Saskatchewan. Visiblement à court d’énergie et y allant d’une marche rapide, le partage des derniers kilomètres du trajet pour lui apporter support lui dégage un regain d’énergie immédiat. Travaillant dans le réseau de la santé, elle raconte qu’elle dispose d’une banque de vacances énorme, conséquence de la pandémie, alors elle a joint le groupe seule, laissant derrière son conjoint et ses deux filles, qui semblent déjà lui manquer énormément. Elle termine sa difficile course avec un sentiment du devoir accompli, où le puissant soleil commence à rendre la course difficile. Cette petite albertaine d’au plus cinq pieds deviendra incontestablement la rassembleuse du groupe, notamment en raison de son entregent et de son rire contagieux.
Distance parcourue jour 2 : 22,1 km.
Jour 3 – Ait Youl « The mars run » – 19,0 km en sentier
Malgré les festins du midi et du soir à apprécier les tagines et la gastronomie marocaine en général, le corps a constamment faim. La nourriture marocaine contient peu de matière grasse et la majorité des coureurs commencent à se réveiller en plein nuit à cause de la faim. À ce moment, la quantité de nourriture ingurgitée à tous les repas augmentent, afin de s’assurer que le corps dispose suffisamment d’énergie lors des courses.
Sean propose aux coureurs qui le souhaitent de débuter la course au tiers du trajet et réduire ainsi la distance à parcourir, comme il s’agit de la troisième journée de course consécutive. À la grande surprise, tous les coureurs adoptent cette stratégie, sauf Amy, qui, visiblement, s’arrange à merveille avec son équipement Décathlon ainsi qu’Alain, toujours frais comme une rose.
Questionnés sur les raisons pour laquelle les marathoniens du groupe souhaitent raccourcir la distance, ceux-ci indiquent que leurs jambes sont raides et en compote, compte tenu du dénivelé des deux premières courses. La conclusion que plusieurs villes américaines ne contiennent aucune colline à courir est pour le moins évidente, compte tenu qu’à peine 400 mètres de D+ a ont été parcourus sur les 35 premiers kilomètres de l’aventure.
À cet égard, un certain sentiment de gratitude se dégage, afin de se rendre compte des progrès accomplis avec le club Tout.Trail. Jamais sans ce club et ses membres en or, il n’aurait été possible de se présenter seul à la montagne, de façon hebdomadaire les soirs de semaine, à la
frontale, pendant plusieurs années, à cumuler le dénivelé et à notamment courir des intervalles en côtes.
Débutant donc le trajet à trois coureurs sur un rythme suffisamment lent afin de rester groupé, le port des souliers de trail constitue un baume, ayant dû percer et réparer quelques ampoules la veille, conséquence du peu de course sur route effectué dans les derniers mois.
Après cinq kilomètres, le trajet bifurque sur une belle côte à escalader à petits pas constant, qui débouche sur un paysage désertique, rocailleux et rouge ambré, aussi loin que le permet l’horizon, tel que le décrit bien le nom de la course « The mars run ». Aucune ombre ne permet de se cacher du soleil cette fois-ci, alors l’adoption d’une vitesse lente pour apprécier le décor et laisser le corps récupérer des deux premiers jours constitue une stratégie optimale. Ayant débuté à l’arrière, l’opportunité de croiser les coureurs lors de dépassement et partager quelques foulées unit un réel plaisir, notamment pour contempler la chance que l’on possède de pouvoir réaliser de tels voyages.
L’arrivée se déroule sous un rythme lent au travers d’un petit village, où le dîner sera servi. Les enfants du village, sourire aux lèvres, enjoués d’apercevoir des touristes, s’amusent à courir quelques pas en guise d’accompagnement.
Distance parcourue jour 3 : 19,0 km.
Jour 4 – Todra Gorge – 19,0 km sur route
Pour combattre la faim en pleine nuit, les voitures arrêtent dans un petit village muni d’une pâtisserie, afin d’acheter des produits contenant des matières grasses en quantité industrielle. Ayant soigneusement placé une pâtisserie sur la table de chevet avant d’entamer la nuit, le réveil à 3h du matin devient désormais une nouvelle opportunité de manger avant de se rendormir jusqu’au matin. Ah, le Maroc! Courir pour manger ou manger pour courir?
Les véhicules conduisent les coureurs à une station hydro-électrique pour le début de la course. Bien qu’il s’agisse d’un pays sec, les chaînes de montagnes Atlas et Anti-Atlas sont recouvertes de neiges l’hiver, donc la fonte printanière permet d’utiliser efficacement cette ressource plutôt rare sur ce territoire.
La course se déroule entièrement dans cette vallée étroite, créée par l’érosion au courant des derniers millénaires. Un décor encore une fois indescriptible et complètement différent des forêts d’Amérique du Nord.
À la grande surprise, le corps se porte à merveille, au point où plusieurs membres du groupe réalisent eux aussi également que leurs jambes ne se sont jamais aussi bien comportées depuis de nombreuses années. Climat sec, nourriture santé, élévation constance d’au moins 1 000 mètres par rapport au niveau de l’océan, religieux étirement avant le coucher ou activation pré- couse? Bien des questions, mais peu d’explications sur les raisons qui expliquent ce sentiment de légèreté.
Profiter du moment présent et de chacun des pas de course demeurent donc la priorité. Réaliser que le corps soit en mesure de compléter le kilométrage prévu ainsi que quelques kilomètres supplémentaires, vient envelopper l’esprit d’un fort sentiment de reconnaissance, notamment pour avoir démontré résilience et détermination dans les entraînements des dernières années, les courses à moins 30 degrés, massothérapeute, physiothérapeute, exercices devant la télé,
renforcement, musculation, yoga chaud, réveil à 5h00 am pour aller rejoindre les crinqués au Mont Sainte-Anne à 7h am un samedi matin. Tous ces efforts, pendant ces instants, permettent d’apprécier le chemin parcouru.
La course se poursuit donc dans ce canyon de plus en plus étroit à un point où une seule voie permet le passage entre les parois rocheuses. La décision d’accélérer dans les derniers huit kilomètres sont conséquences de plaisir à courir et d’un orgueil trop grand, question de s’assurer que la gazelle chilienne ne soit pas en mesure de me rattraper. Peine perdue toutefois, alors que celle-ci vogue à moins de quatre minutes du km, sourire fendu jusqu’au oreille, appréciant également le parcours de son côté.
La ligne d’arrivée franchie, le décor du canyon demeure enivrant et comme il s’agit de la quatrième journée de course consécutive, rebrousser chemin à un rythme lent pour accompagner les coureurs jusqu’au fil d’arrivée semble encore la bonne décision.
Distance parcourue jour 4 : 23,9 km.
Jour 5 – Jour de repos et voiture
Après quatre jours de course, une journée plus tranquille à connaître davantage chacun des coureurs du groupe autour de la piscine du riad et découvrir davantage la gastronomie marocaine, notamment pour s’assurer que le corps possède suffisamment d’énergie, constitue un excellent choix. Néanmoins, une petite trotte de cinq kilomètres avec Alain se dessine au cours de la journée, compte tenu que les jambes et le corps en général ressentent encore suffisamment de légèreté.
Distance parcourue jour 5 : 5,3 km.
Jour 6 – Sahara – 16,0 km en sentier
Bien que la distance prévue pour cette course soit de 16 km, Sean indique la veille qu’un seul voyageur au cours des derniers 10 ans avait réussi à effectuer un demi-marathon dans le Sahara, compte tenu des difficultés liées à la chaleur (course en après-midi en raison de la distance à parcourir en voiture le matin) ainsi qu’aux dunes de sables qui complique la foulée. Précisons que la majorité des voyageurs inscrit avec RE sont des coureurs sur route plutôt que de sentier, donc un tel terrain complique significativement la tâche.
Ressemblant à un nain dans le « Seigneur des anneaux » dû aux jambes relativement petites, mais doté d’un orgueil quasi-inépuisable, courir 21,1 km dans le Sahara fût décidé instantanément et semblait une bonne idée.
Toutefois, le climat sec des derniers jours amène un mal de gorge, accompagné d’un mal de tête et quelques nausées, qui surgissent la veille et entrainent une nuit qui contient peu de sommeil.
Seul à avoir pris « l’intelligente » décision de courir le demi-marathon cette journée-là, le véhicule s’arrête avant la ligne de départ initial, afin d’enfiler les premiers kilomètres supplémentaires. Le constat du manque d’énergie dû à une nuit perturbée commence à apparaître dans les premières minutes. Visiblement, cette course dans un décor rappelant les scènes de films hollywoodien, entouré de dunes de sables à perte de vue, au gros soleil, ne sera pas à l’image des premières courses.
Les jambes lourdes à essayer de trouver de l’énergie, la stratégie devient rapidement de fixer des objectifs courts, soit de se rendre à chacun des véhicules postés à tous les deux kilomètres pour remplir ses bouteilles d’eau ainsi que manger des dattes fraiches. La tentative d’apprécier le moment présent dans ce décor dépaysant s’avère un échec complet. Le turban donné par les guides pour incarner les nomades qui se protègent de la chaleur, n’a visiblement pas de propriétés techniques bénéfiques pour la course.
Néanmoins, l’expérience acquise au cours des dernières années montrent que ce sont ces moments, où la résilience et la détermination, permettent de compléter les distances fixées. Augmentation du volume de la musique, concentration sur le rythme ainsi que la foulée, continuer à avancer un pas à la fois.
Arrivé au kilomètre 14, le guide mentionne qu’il reste un peu moins de trois kilomètres avant la ligne d’arrivée et que rebrousser chemin pendant une certaine distance s’avère nécessaire si l’objectif de 21,1 km devait être maintenu. Pour éviter de raviser la distance à la baisse, la décision d’effectuer un 180 degrés et de repartir à la course est pris rapidement. Le constat que la course s’effectuait avec un vent de face depuis le début est évident. Le vent de dos permet une certaine facilité à fouler le sable du Sahara pendant quelques instants, mais la chaleur augmente.
Après avoir franchi quelques kilomètres, effectuer un autre 180 degrés et reprendre le trajet initial permettrait désormais d’atteindre la distance souhaitée. Visiblement, les cinq derniers kilomètres ne constitueront pas une partie de plaisir, compte tenu que l’énergie est encore moindre qu’au départ. Heureusement, Alain apparaît encore de nulle part et celui-ci décide de terminer la course en tant que supporteur. Parfois, il suffit que d’une présence silencieuse pour augmenter le moral et permettre au corps et au moral de mieux se porter.
Un pas à la fois, un pas à la fois et continuer d’avancer, jusqu’au moment où les véhicules à l’arrivée deviennent perceptibles. Les guides prennent un turban pour fabriquer un fil d’arrivée à franchir, avec les autres coureurs pour accueillir la fin de ce demi-marathon plutôt déplaisant, mais combien gratifiant. Visiblement, une bonne dose d’humilité devant le désert du Sahara. Le reste de la journée vise uniquement à manger, se réhydrater et se reposer. En soirée, tour de dromadaire jusqu’au sommet d’une dune de sable pour admirer le coucher de soleil, un des moments forts du voyage.
Distance parcourue jour 6 : 22,7 km.
Jour 7– Lake Iriki – 16,9 km en sentier
Passablement inquiet sur la façon dont le corps réagira aujourd’hui, compte tenu de la dernière journée où l’énergie et les jambes avaient omis de se présenter, possiblement dû au fait qu’ils ont préféré rappeler qu’un roux n’a pas d’affaire dans le désert.
Néanmoins, une bonne nuit de sommeil et les tajines au poulet et à l’agneau de la veille permettent sommes toutes une matinée plaisante. Le départ de la dernière course se situe à 20 minutes de voiture du campement, plutôt luxueux, du désert.
Le départ se donne sur Lake Iriki, un lac asséché qui s’étend pratiquement à perte de vue où l’on voit des dunes de sable très loin à l’horizon. La particularité de cette course vise à courir tout en apercevant de vastes mirages.
De façon surprenante, les premières enjambés se définissent par des sentiments de légèreté et l’énergie se présente au rendez-vous. Craintes dissipées et confiance retrouvée, place au plaisir à profiter du moment présent pour cette dernière course du voyage, notamment à voir apparaître et disparaître des chameaux au loin dans les mirages causés par le changement de direction des rayons lumineux dans l’atmosphère.
Les seuls inconforts de cette course découlent des hanches et abdominaux profonds, causés par le tour de dromadaire la veille. En effet, le manque de flexibilité et de mobilité auront eu pour conséquence de l’inconfort en continue lors de ce tour de mammifère voisin du chameau, qui semblait bien amuser les guides qui regardaient un blanc pâle forcer de la face pendant 30 minutes.
Néanmoins, le trajet se porte plutôt bien et le fil d’arrivée apparaît relativement rapidement. En compagnie d’Hamid, un des chauffeurs, un turban est déroulé pour accueillir les coureurs et les féliciter pour leurs efforts de la dernière semaine. À ce stade-ci de l’aventure, chacun des coureurs ont a développé des affinités entre eux et de réelles amitiés se sont créées, donc les apercevoir franchir la ligne d’arrivée à la dernière journée, remplis de fierté et de gratitude, rappelle la présence des amis de Tout.Trail à la ligne d’arrivée, supporter leurs pairs lors des événements de trails québécois.
Distance parcourue jour 7 : 16,9 km.
Conclusion
Comme plusieurs lecteurs le constatent au cours d’une quelconque course sur route ou en sentier, les liens créés avec d’autres membres de la communauté de course peuvent se renforcer à chaque foulée et demeurer gravés dans la mémoire à long terme. D’ailleurs, le dernier souper avec le groupe, où le partage des expériences et les échanges de coordonnées pour conserver les liens, démontrent la belle cohésion créée au cours des derniers jours. Les adieux lors de ce dernier festin ne s’avèrent rien de moins que déchirants.
Les 130 km en sept jours à travers les différents paysages du Maroc, bien que modeste comme distance pour de nombreux coureurs, sont considérés comme étant équilibrés pour mélanger sa passion à la découverte d’une nouvelle culture, tout en ayant suffisamment de temps pour développer des liens d’amitiés et visiter différents sites culturels ainsi qu’historiques. Afin d’alléger ce texte déjà volumineux, les visites touristiques hors course demeurent absentes du récit.
La découverte d’une autre culture en pratiquant la course à pied fera définitivement partie des plans futurs.