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TransCharlevoix 2022

par Pascal Gauthier

Mise en situation

TransCharlevoix, c’est quoi ça?

Le TransCharlevoix est une course à étapes linéaire dans la région de Charlevoix qui vous permet de parcourir, en 3 jours, 100 km avec 4 592m de D+. Un attrait intéressant est que le campement des athlètes nous suit durant le parcours, donc c’est une belle expérience d’échange entre athlètes, bénévoles, organisateurs et partenaires avant, durant et après les étapes.

Maintenant, le récit de la course!

La sagesse

Étant inscrit à l’ultra-trail Harricana 125km, TransCharlevoix n’était pas mon plan initial. Mon entraînement allait quand même bien, mais une vieille blessure me laissait inquiet sur l’état dans lequel je serais à la fin de mon objectif initial. Étant donné que je cours pour le plaisir et que je veux le faire longtemps, je trouvais que les répercussions seraient beaucoup plus grandes que l’accomplissement lui-même. Le démon voulait aller de l’avant, mais le petit ange voulait inconsciemment un nouvel objectif.

Avec ma blonde, Jessica, dans le comité aviseur pour le TransCharlevoix, j’entendais parler depuis un bon moment de l'événement et comme je suis déjà un amateur de grosse fin de semaine de course et d'enchaînement de longues sorties, je peux vous dire que l’attrait pour ce défi était de plus en plus fort.

Après réflexion, une rétrospection sur ma saison d'entraînement et la participation au fameux week-end choc Tout.Trail qui m’a donné confiance sur la récupération de ma vieille blessure sur de plus courtes distances, mon choix était fait: TransCharlevoix, me voilà!

Jour 0 - Préparation et accueil 

Étant donné que Jessica se rendait sur le campement initial le vendredi pour aider avec la préparation, j’en ai profité pour donner aussi un coup de main à l’organisation. Une course à étape demande énormément de logistique et j’ai adoré voir le dévouement et le professionnalisme des organisateurs et bénévoles qui donnaient confiance à une fin de semaine mémorable.

Les athlètes commençaient à faire leur arrivée dans l’après-midi et on sentait déjà l'excitation dans l’air. La remise des dossards était simple et rapide suivi d’un excellent souper qui permettait déjà de partager de bons moments avec les participants. 

La soirée se termina autour d’un feu pour la réunion d’avant course ainsi qu'une charmante rencontre avec les Innus qui nous mettaient en immersion avec l’expérience que nous allions vivre durant les 3 prochains jours.

Fin de la soirée, maintenant repos pour être prêt à la journée 1!

Jour 1 - La fournaise - 38 km, 1600m D+

Le jour 1 commençait avec une navette partant du camp de base situé à la Maison chez Laurent pour se diriger au barrage des Érables du parc des Hautes-Gorges. Un trajet, qui comme la soirée d’accueil, était rempli d’excitation et d’échanges avec les autres participants. 

Une fois arrivés au point de départ, nous avions encore quelques minutes pour nous réchauffer, ajuster l’équipement et déposer nos sacs d'appoint. La météo était au top et le corps frais, c’était le temps de partir.

Marc-André à l’animation nous annonça l’heure du départ, l’énergie au summum et GO, la première étape était commencée! Un moment unique de prendre ce départ de la première édition du TransCharlevoix.

Les premiers 10km étaient pour la majorité en poussière de pierre et quand même large, donc le rythme était assez soutenu. Une montée graduelle en ‘’switchback’’ faisait augmenter la température, activait le cardio et nous amenait au premier beau point de vue du week-end. Les sensations étaient encore bonnes et je continuais à garder un bon rythme dans la descente qui suivait. 

Arrivé au premier point d’eau au bout de ce 10km, c’était le moment de rentrer dans un singletrack ainsi que le début du segment Strava de la journée. J’ai augmenté un peu le rythme dans ce segment de montée qui semblait INTERMINABLE! 1.2km plus loin, fin du segment et regret majeur d’avoir déjà trop poussé dans ce début de course. 

Le sentier restait d’un bon niveau technique avec une longue descente pour arriver au ravito de mi-parcours. J’avais fait un choix personnel d’être autonome au niveau alimentation, donc mes ravitaillements étaient très rapides et pour les liquides uniquement. 

Je repars sur le sentier qui était encore en descente et un peu plus large ce qui permettait de remettre de la vitesse dans les jambes. Après quelques minutes du départ du ravito, j’ai remarqué qu’il n’y avait plus aucun flag identifiant le trajet, ce qui m’indiquait le bon moment pour regarder ‘’Ondago’’ question de ne pas me perdre. Verdict: j’avais effectivement manqué l'entrée d’un sentier et je devais revenir sur mes pas d’environ 100m. Chanceux dans ma malchance, car beaucoup de coureurs ont fait la même erreur, mais parfois sur des kilomètres.

Un peu après le ravito de mi-parcours, la température avait commencé à augmenter considérablement et avec l’humidité, mon corps surchauffait légèrement. Je commençais à avoir des petits étourdissements et des nausées, donc j’ai décidé de réduire la vitesse. C’était le moment parfait, car j’arrivais dans une autre longue ascension qui nous menait à un superbe point de vue et où j’ai décidé de faire un petit arrêt photo pour capturer le moment. Pendant que je rangeais mon cellulaire dans ma veste, un étrange bruit surgissait derrière moi et, en me retournant pour voir l’origine, j’ai vu un photographe de l’événement grimpé dans un arbre! Qu’est-ce qu’ils sont passionnés les photographes et je suis parti amusé de la situation! 

Crédit : Francis Fontaine

Mon état n’allait malheureusement pas en s’améliorant. Je buvais énormément d’eau et d’électrolyte pour essayer de faire baisser ma température, mais les symptômes restaient présents. J’arrêtais quelques minutes dans chaque ruisseau que je croisais pour me rafraîchir, ce qui me permettait de repartir à la course pour quelques kilomètres.

Dernier point d’eau et ensuite, le parcours continuait sur une route de sable. Les conditions moins techniques me permettaient de courir, mais l’exposition au soleil ne faisait qu’augmenter ma température et mes nausées. Plus que quelques kilomètres. Le mental faisait avancer le corps, pour finalement entendre au loin la musique du camp des Morios et ensuite, passer sous l’arche d’arrivée! Ouff, elle n’a pas été facile cette première étape!

Mes étourdissements et mes nausées continuaient, je cherchais à m'asseoir et malgré les bons soins de ma blonde apeurée de mon état pitoyable, la conclusion a vite été une visite dans les buissons. La scène était à confondre avec un après bal bien arrosé dans un pit de sable! Le support a été instantané de plusieurs membres de l'organisation, médicale et même d’un photographe (qui m'a confessé avoir pris des photos de moi dans les buissons avant de venir me voir. Qu’est-ce qu’ils sont passionnés les photographes!).

Un peu de repos dans l’après-midi, l’ingestion fulgurante de soupe Lipton, d’eau et d’électrolyte ont fait que mon état était redevenu stable vers la fin de l’après-midi. Le camp du jour 1 était installé dans le stationnement du Mont des Morios. Superbe emplacement avec 2 campements de tentes, service de massage, un endroit pour s’étirer et j’en passe. J’ai profité de ma résurrection pour emprunter un des paddleboards qui étaient mis à notre disposition par un des partenaires de l'événement pour aller faire une saucette dans le Lac Boudreault avec Jess et nous rafraîchir avant le souper. Quel bonheur après une journée aussi mouvementée!

La fin de la journée fut agréable avec un bon repas partagé avec ma blonde, la présentation des podiums de la journée et ensuite, l’heure d’aller se coucher. 

Nous avons malheureusement eu de forts vents durant la nuit ce qui a empêché la majorité des participants d’avoir un bon sommeil. Nous pensions tous que nos tentes allaient s’envoler, mais le tout s’était calmé aux petites heures du matin.

Jour 2 - Les merveilles de Charlevoix - 36 km 1900m D+

Crédit : Jean-Sébastien Chartier Plante

Je me suis réveillé quand même satisfait des quelques heures de sommeil et surtout, de voir l’état de mon corps. Le repos et l’alimentation de la veille m’avaient permis de bien récupérer. Je me sentais confiant et d’attaque pour la deuxième journée. Place à un déjeuner très bien garni, préparation de mon matériel de course et ensuite, c’était le moment du départ de masse à 7h30 am.

Les jambes allaient bien, mais j’avais décidé de partir un peu plus conservateur étant donné que le réchauffement était la montée du Mont des Morios avec sa descente par la suite. 

Une montée teintée de pentes très abruptes dont certaines avec cordage et une descente bien garnie de roches et racines. Je m’étais placé dans le second peloton et plus particulièrement, avec un coureur du prénom de Marc avec qui j’ai eu de super échanges qui fit paraître la première ascension et la descente jusqu’à la base des Morios comme une partie de plaisir. 

Un ravito nous attendait en bas des Morios, mais comme je n’avais pas encore consommé beaucoup d’eau, j’ai décidé de continuer mon chemin et d’augmenter un peu la cadence. La météo était plus qu’idéal et les sensations étaient à leur meilleur, ce qui m’a permis de garder un rythme soutenu, de dépasser plusieurs coureurs et ensuite, de parcourir une section plus sauvage et moins empruntée pour me rendre à la boucle du Mont du Lac-à-l’Empêche et Dufour. 

Deuxième ravito, j’ai rempli les liquides et je me suis lancé dans cette populaire boucle. On était dans une fin de semaine très achalandée, mais les randonneurs étaient très respectueux et me laissaient passer en même temps que de me donner des encouragements. Comment ne pas apprécier d’aussi belles valeurs partagées par les amoureux du plein air! 

J’ai beaucoup utilisé mes bâtons dans les montées pour préserver au maximum mes jambes et ça me permettait aussi de prendre plus de risque dans les descentes. 

Cette boucle est tout simplement sublime. Parsemée de points de vue majestueux, des montées qui piquent dans les jambes, d’une descente menant à la découverte d’un écrasement d’avion et de beaucoup de bleuets!

Aussitôt parti du deuxième ravito que j’arrivais à nouveau à celui-ci (nous revenions au même ravito après la boucle). Un autre ravitaillement express et j’ai décollé pour la dernière section qui était un chemin forestier de 4-5 km qui nous amenait au camp de base de la journée 2, situé à l'entrée de la Zec des Martres.

Quelle joie d'arriver en bonne forme, avec de bonnes sensations et le sourire! Je vous confirme, j’ai beaucoup plus profité de mon arrivée au camp cette journée-là que la journée précédente!

J’ai pris le temps de relaxer un peu et de manger tout en encourageant les coureurs qui arrivaient. Après avoir comblé un peu le déficit de calories, je suis allé voir le lac à notre disposition dans l’espoir de me rafraîchir dans celui-ci comme dans le Lac Boudreault. Malheur, le lac est glacial et beaucoup moins attrayant. J’opte alors pour une bassine d’eau chaude qui a donné un résultat fort positif aussi. 

Encore une belle fin de journée d’échange autour d’un feu, un excellent repas de chili et les podiums.

La soirée a été remplie d’émotions avec la lecture d’un très beau texte par Sébastien Côté, cofondateur de l’ultra-trail Harricana, en hommage à Sébastien Boivin qui nous a quitté dernièrement. Sébastien Boivin, aussi cofondateur de l’UTHC, qui est et restera l’essence même des belles valeurs partagées par cet événement. Merci Sébastien!

L’heure du dodo a sonné. La température a chuté durant la nuit et encore une fois, beaucoup de périodes sans dormir à ajuster nos couches de vêtement pour essayer de se réchauffer. 

Jour 3 - La fin - 27 km, 1100m D+

Le réveil du dernier jour a été, à l’image de la nuit, très frais. La tente était givrée et le soleil tardait à se pointer le nez (il était peut-être juste trop tôt…), mais ceci annonçait encore une température idéale pour courir. Je me suis habillé comme si j’allais à une expédition au pôle Nord le temps d’aller déjeuner, avec le seul regret de ne pas avoir apporté mes gants chauffants!

Les premiers pas ont été difficiles, les chevilles un peu raides, mais après avoir fait un aller-retour à la toilette, le tout s'était déjà réchauffé et j’avais confiance de pouvoir ouvrir la machine pour la dernière étape. 

Comme il n’est pas encore possible de relier tous les sentiers à pied, la troisième étape commençait avec un petit trajet en autobus pour se rendre au départ, à St-Urbain. 

Deux départs étaient possibles et j’ai décidé de prendre part au premier pour me garantir une météo plus fraîche. Je voulais éviter au maximum un deuxième épisode de coup de chaleur comme à la première journée! 

Le trajet en navette était court et permettait de se réchauffer avant de commencer la course. L’organisation avait décidé de procéder à un départ rapide (peu de temps d’attente) et c’était un excellent choix. On a débarqué de la navette, déposé nos sacs d’appoints et voilà, le départ était déjà annoncé. 

Le peloton de tête du weekend avait décidé de prendre le départ dans la deuxième vague et à ma grande surprise, je me suis vite placé confortablement à l’avant avec mon camarade de la veille, Marc et Dave du Club Naturel Fitness Lab avec qui je me suis entraîné pendant plusieurs années. 

Le parcours commençait immédiatement dans une montée, mais celle-ci était progressive et le sentier était d’un niveau de technicité juste à point qui permettait de voir les kilomètres descendre rapidement. Les sensations étaient encore au top et j’ai décidé d’accélérer un peu le rythme et de prendre la tête de la première vague. 

Crédit : Jean-Sébastien Chartier Plante

La troisième étape était, pour la majorité, en singletrack à travers un terrain beaucoup moins technique que les deux journées précédentes. Ceci concluait à la perfection l’événement avec une étape qui permettait de pousser une dernière fois le corps, mais avec moins de risque de blessure ou chute reliée à la fatigue. 

Le balisage de quelques sections était moins évident et j’ai pris l’assurance de regarder Ondago pour m’orienter mais, autrement, l'ensemble du parcours suivait les sentiers des Pointes et des Florents. De superbes points de vue de St-Urbain et Baie-St-Paul agrémentaient la course et donnaient drôlement l’envie d’y retourner plus tard en mode «touriste». 

La fin du parcours se terminait par un peu de goudron, et le tout en descente jusqu’à l’entrée du camping le Genévrier, pour ensuite se rendre jusqu’à la Laiterie de Charlevoix. Je peux vous dire que les jambes commençaient à ressentir l’effort des trois derniers jours, mais l’exaltation était à son comble et l’énergie aussi.

L’arrivée était festive et comme j’étais à la tête de la première vague, je suis arrivé comme premier finisseur de la première édition du TransCharlevoix (à ne surtout pas confondre comme étant le vainqueur de l’étape 😉).

Le site d’arrivée était vaste, une ambiance de party, de la bonne humeur et le tout agrémenté d’un merveilleux BBQ offert par le restaurant Faux Bergers.

Plusieurs allocutions, remerciements et les podiums ont conclu le weekend qui, je suis certain pour plusieurs, a passé beaucoup trop vite!

Le party étant terminé, la journée s’est terminée comme l’événement a commencé; nous sommes restés pour aider à ramasser le matériel et mettre le tout dans les camions.

It’s a wrap, on se voit l’année prochaine TransCharlevoix!

Conclusion

Crédit : Jessyca Viens Gaboriau Photographe

Je ne pourrais décrire l’événement autre qu’avec : WOW!

Pour commencer, je suis très content d’avoir changé d’objectif qui m’a permis de me surpasser sans me blesser et de faire l’expérience de cette course à étape. Content de voir la récupération de mon corps entre les étapes et d’avoir eu l’énergie nécessaire à chaque jour et de pousser pour terminer avec une 5e position au cumulatif du TransCharlevoix. Je viens d’avoir un coup de foudre pour ce type de discipline!

Je n’aurais pu avoir une aussi belle expérience si ce n’était de l’avoir partagée avec ma blonde Jessica qui participait en tant que super-bénévole et, malgré son horaire ultra chargé, était toujours là pour m’accueillir à mes arrivées. Aussi, quelle merveille de la voir s’épanouir dans ce bénévolat, entourée de gens aussi dévoués qu’elle.

Chapeau à l’équipe, aux organisateurs, bénévoles, partenaires et j’en passe. Une merveille a été créée et honnêtement, le déroulement des journées a paru comme si cet événement était en place depuis plusieurs années.

À très bientôt TC!