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Un volcan, un mindset et une soupe ramen

par Émilie Patry-Plourde

C’est en février dernier que ma mère et moi avons pris part à une retraite de yoga, au Guatemala On s’est retrouvées là grâce à Anastasia, prof de yoga que j’ai connue à mon studio où je tente de pratiquer au moins une fois par semaine. J’essaie fort. 

Pas été trop difficile de convaincre ma mère de se joindre à moi: « 10 jours au Guatemala, au moins 8 séances de yoga, du soleil… ah et l’ascension d’un volcan. » N’en fallait pas plus, elle était all in. 

Et c’est de cette ascension dont il est question dans cet article, plus précisément de l’ascension du volcan Acatenango, afin de voir son voisin juste un peu plus loin, le volcan El Fuego, qui lui, est toujours actif. Ben non, on n’a pas fait son ascension à la course… 

On est partis vers 11h30. Après un déjeuner qui rentrait pas terrible. J’étais un peu stressée. Pas pour moi, ni pour ma mère. Pour les autres. Nous étions un groupe plutôt hétérogène de 14 personnes. Je ne dis pas que certains n’étaient pas en forme, mais plutôt que nos expériences et nos connaissances en ce qui concerne la randonnée, plus particulièrement en haute montagne, n’étaient pas les mêmes pour tous. 

Le sentier qu’on s’apprête à faire, sur le volcan Acatenango, c’est presque 14 km de distance contenant 1 600 mètres de dénivelé positif. Et 14 km, c’est aller-retour. Vous comprendrez donc que le dénivelé positif sera sur l’aller et que ce dernier sera de 7 km. Le tout à près de 4 000 mètres d’altitude. Ça va piquer. 

J’ai réussi à convaincre deux filles du groupe, peu expérimentées en randonnée, mais très motivées et déterminées, à prendre des bâtons de marche. Elles m’ont d’ailleurs remerciée plusieurs fois de les avoir convaincues. D’autres ont décidé de ne pas en prendre. C’était leur choix, et bien qu’elles aient réussi leur ascension, elles ont trouvé le périple plutôt ardu. Ce que j’ai dit à l’une d’elles: « Tu peux regretter de ne pas avoir pris de bâtons, mais tu ne peux pas regretter d’en avoir pris…» 

On part. Ma mère et moi, on ne s’énerve pas. On en a vu d’autres. On sait comment ça fonctionne, ce genre de rando. Notre mindset est clair: on y va lentement, rien ne sert de courir (non mais, pour vrai). Peu importe le temps que ça nous prendra, le volcan, lui, sera là à notre arrivée. 

Alors on prend le temps de mettre un pied devant l’autre, de le poser là où ça nous demande le moins d’énergie, on regarde le paysage, on utilise nos bâtons comme des pros, et surtout, on respire et on sourit. On est contentes d’être là. On est en vie, on est en santé, on est chanceuses. Ma mère, du haut de ses 57 ans qu’elle est loin de faire, avance comme une championne. Elle se connait, donc elle s’hydrate, prend des pauses lorsque nécessaire et donne des conseils autour d’elle. 

De mon côté, je suis dans ma zone de confort. Bien plus que sur le tapis de yoga. Pas que c’est une montée facile, bien au contraire. Mais je sais qu’il ne sert à rien d’y aller trop vite. Je me trouve chanceuse d’être là, j’ai un sourire énorme, je donne mes meilleurs conseils, j’encourage les filles du groupe. Certaines d’entre elles ont pleuré dans mes bras lors de l’ascension. J’ai trouvé ça beau. J’ai accueilli leur vulnérabilité avec humilité et bienveillance. Le dépassement de soi, les sorties de zone de confort, la montagne… ce que ça peut faire chez une personne… 

Je prête l’un de mes bâtons à l’une d’entre elles. L’ascension est difficile, bien plus qu’elle ne se l’était imaginée. Je l’encourage du mieux que je peux, je garde ma bonne humeur et mon sourire. Allez, on continu. Et je réalise alors que les deux dernières années avec le club m’ont apporté énormément. De la discipline, une constance, une meilleure aisance à courir, entre autres, mais aussi des valeurs que je transmets autour de moi, comme celle d’encourager, d’accompagner, de ne laisser personne derrière. Et un meilleur mindset, aussi. J’ai encore mes journées plus sombres où le négatif et la Émilie qui chiale sont au rendez-vous, ne vous méprenez pas! Mais lors de l’ascension du volcan Acatenango, j’ai bien vu la différence entre la Émilie du jour 1 et celle d’aujourd’hui. Et j’étais vraiment fière d’elle. 

C’est au bout de 5 heures de marche que nous sommes arrivées au campement. On pleure pas mal toutes. On est tellement fières et émerveillés. Le volcan El Fuego nous récompense toute la soirée et toute la nuit: il est en éruption, à répétition et à chaque fois, on s’exclame! Pour moi, c’est véritablement un rêve qui se réalise! 

On remet nos 1L d’eau et une heure plus tard, on reçoit notre soupe de nouilles ramen. Moi, j’suis plutôt contente, parce que la soupe ramen, c’est mon comfort food d’après course préf. Je regarde le volcan. Je me régale de ma soupe ramen. Ma mère est à mes côtés. Est tu pas belle, la vie? 

« Thank you Emilie and Paquerette for leading the group up the volcano! You were both the backbone of the team and they surely needed your expertise. » - Anastasia 

Une expérience incroyable que celle de grimper un volcan et de voir le volcan voisin en éruption. On ajoute à cela de motiver les troupes, de donner des conseils et d’apporter de l’aide à ceux et celles qui en avaient besoin, comme le ferait tout bon membre du club Tout.Trail, et on a une journée parfaite ! 

Je vous souhaite à tous de vivre une telle expérience. 

Et d’avoir votre comfort food préf à portée de main!